• Journal d'un homme aigri 1/2

    If something can go wrong it will (si quelque chose peut tourner mal, ça finira mal)... Des jours, cette phrase prend tout son sens dans l'élaboration d'un album. Jusqu'ici, j'ai surtout parlé de ce qui se passait bien et de mon enthousiasme. Aujourd'hui je vous propose de vous dévoiler la face cachée du projet, des simples incidents au "ok, j'arrête".

    L'une des première chose qui m'est venue en tête, alors même que l'album n'était qu'un projet, c'est: "bon, et qui a envie d'entendre ce disque à part moi..." La réponse fut souvent: "peut-être une dizaine de personnes, ceux qui sont sympas et qui viennent me voir à chaque concert pour qu'il y ait au moins 11 personnes dans une salle qui peut en contenir 300...". Alors on fait vite un petit calcul qui se résume à:

    20 personnes (oui, je gonfle un peu les chiffres) x 25.- = 500.-

    On prends les 500.- et on ajoute les 1900.- de bénéfice (j'ai eu quelques bons cachets) du EP précédent, ça fait 2400.- de budget. Autant dire, qu'on a de quoi presser les cds mais sans musique et sans graphisme. Whoaa... un cd vierge dans une pochette blanche, ça le fait. Alors à ce stade, on se dit: "bon, ben on commence même pas."

    Ensuite, on passe sur le "détail" du potentiel de vente et on se dit: "Je vais le faire pour moi et si personne ne l'achète, tant pis. J'aurai réalisé un rêve." Mais le même problème revient. J'ai, depuis le début du projet CALLAHAN (2001), considéré que l'argent généré par ma musique devait être investit dans le-dit projet. Mais, voilà 1900.- c'est pas assez. Alors on se dit qu'on va investir, mettre de sa poche et faire des demandes de subventions (tout le monde le fait alors pourquoi pas moi). Mais (et il y a beaucoup de "mais" dans ce billet ainsi que des "") l'on désenchante très vite en faisant quelques recherches sur internet, auprès de potes qui ont déjà fait la démarche. Il n'y a pas énormément d'organismes qui soutiennent la culture et surtout la production de support sonores. Malgré tout, on en trouve deux ou trois et on se dit "si j'ai déjà de l'argent de ces trois-là, c'est déjà bien". Résultat des courses (comme vous le savez déjà), un seul soutien m'a été attribué par la loterie romande et je les en remercie. Par contre, la ville de la Chaux-de-Fonds, avec leur site internet qui n'avait pas été réactualisé depuis la chute du mur de Berlin, n'est pas entré en matière car, comme ils m'ont répondu: "nous ne soutenons plus la production de cd depuis quelques années". Et bien alors on enlève les informations erronées du site internet de cette ville inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco et on arrête de faire croire qu'on soutien la culture! Ayant travaillé de longues années au sein d'un lieu culturel de la "Tchaux", je me permets de le dire car je le sais mais faut croire que pas assez car j'ai quand même essayé... j'ai quitté cette ville.

    Le deuxième est le canton de Neuchâtel, qui lui, offre un soutien à la production d'album. Alors il faut gentiment remplir un formulaire et le renvoyer au bon département et attendre une réponse. "Vous ne remplissez pas les critères de soutien", voilà en substance ce qui m'a été répondu. A savoir qu'à la question "Avez-vous des dates de prévues à la suite de la sortie du cd", j'ai répondu honnêtement "oui, mais rien est encore confirmé". Et c'est là que, justement, ça coince. Les gens qui s'occupe de tout cela ne sont pas du tout au clair avec le fonctionnement du milieu de la musique "non-noble". Non mais il n'est quand même pas compliqué de comprendre que sans cd, il ne peut y avoir de concert prévu!

    Donc, on en arrive au point où l'enregistrement a commencé, le graphiste a également débuté son travail et moi, je suis à peu près ruiné d'avance. Et là, on se dit "ok, on arrête. On paie pour le boulot effectué et on arrête."

    Mais non, on continue car de toute façon si on a commencé, il faut finir. On fait fi de ses problèmes d'argent (il y a des gens qui crève de faim et moi je fais un cd...) et on avance.

    Journal d'un aigri 1/2

    © Ben Salter

    Lors de la première journée, on se rend compte que c'était une super idée de se passer d'un vrai studio et d'investir un endroit qui, à la base, n'est pas du tout prévu pour ça. Mais c'était sans compter les oiseaux. J'ai toujours aimé ces volatiles et je les aime toujours. Cependant, sur le moment, quand toute l'après-midi on entend des mésanges faire leur "titittiti" et que ça se retrouve sur les enregistrements je deviens vert. Je cache mon désarroi à l'ingénieur du son et on continue. Finalement, on ne les entend pas, sur le disque, ces maudites bestioles car la nuit venant, ça se tait. Mais on refait toutes les pistes.

    Enregistrer au mois de mars dans un endroit mal isolé, ça a quelques désavantages. On a eu la chance qu'il fasse beau toute la semaine, même très beau. Le soleil cognait sur le toit et le studio devenait un sauna et la nuit venue la température tombait radicalement au point où nous devions mettre des habits techniques pour ne pas avoir froid. Je suis tombé malade et n'ai pu enregistrer les pistes voix initialement prévues. On prend du retard et ça m'agace.

    La suite bientôt.

     

    PS: ce billet est à prendre avec un peu de recul et surtout avec humour

     


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